a. Une intrusion
contrôlée
Dans les années 50 et 60 a eu lieu une véritable révolution informatique : construction d’ordinateurs avec une interactivité opérateur –
machine, création du réseau Arpanet qui reliait 4 machines (Los Angeles, Stanford,
Santa Barbara, Salt Lake City), réseau dont Internet descendra plus ou moins
directement…
Cette révolution technologique
s’accompagne parallèlement des premières craintes pour les libertés individuelles, qui se
feront plus fortes encore dans les
années 70 : le gouvernement de l’époque avait établi un projet, nommé SAFARI, qui permettait d’identifier chaque citoyen par un
numéro et d'interconnecter, grâce à ce numéro, tous les fichiers de l'administration. Lorsque que la presse
a divulgué cette information, ce projet
a été fortement décrié car il s’apparentait dans la pensée collective à un fichage général de la population.
L’informatique est alors pointée du doigt comme un
danger.
Face à l’inquiétude populaire
croissante, le gouvernement a décidé
de créer une « Commission
Informatique et Libertés » qui garantirait tout au long du
développement de l’informatique le respect
de la vie privée, des libertés individuelles et publiques. Cette commission
a décidé après de longs débats d’instituer une autorité en la matière qui
serait indépendante : c’est ainsi que la loi « Informatique et libertés » du 6 janvier 1978 a permis la création de
la CNIL, la Commission
nationale de l’informatique et des libertés. Elle doit garantir que l’informatique demeure un outil utile à
la vie des citoyens sans jamais mettre en péril leurs droits, leurs libertés ni
le respect de leur identité humaine et de leur vie privée.
Par ailleurs cette loi précise
les droits des personnes fichées, à
savoir que toute personne peut s’adresser directement à un organisme pour
savoir si elle est fichée ou non, et si tel est le cas, elle peut gratuitement et sur simple demande avoir accès à l’intégralité des
informations la concernant sous une forme accessible, compréhensible (les
codes doivent donc être explicités). Elle peut également demander directement une rectification de ces informations si
celles-ci sont inexactes, et peut enfin s’opposer à ce qu’il soit fait un usage des informations la concernant
à des fins publicitaires ou de prospection commerciale (ou bien encore que
ces informations soient « cédées » à un tiers dans ce but). Afin de
protéger les libertés de chacun, il est également mentionné qu’aucune décision de justice qui
nécessite l’analyse du comportement d’un individu ne puisse être basée sur un « traitement automatisé de données à
caractère personnel destiné à évaluer certains aspects de sa personnalité ».
Cependant, cette loi n’est pas
toujours appliquée, et les individus n’ont pas nécessairement connaissance de
leurs droits à ce sujet. C’est ici qu’intervient la CNIL.
Cette autorité administrative indépendante est ainsi chargée de remplir 5 missions, qui concernent
respectivement :
L’information : elle doit informer les individus de leurs droits,
mais aussi de leurs obligations. De plus, elle intervient auprès du
gouvernement pour lui proposer des mesures permettant d’adapter la protection
des libertés individuelles à l’évolution permanente des techniques.
La garantie des droits d’accès : elle permet
aux citoyens d’accéder aux données qui
les concernent, et peut accéder pour eux aux fichiers intéressant la sûreté
de l'État, la défense et la sécurité publique.
Le recensement des fichiers : elle
met à la disposition des citoyens le
« fichier des fichiers » c'est-à-dire la liste des traitements
déclarés et leurs principales caractéristiques
Le contrôle : elle vérifie que la loi est respectée en
contrôlant les applications informatiques. Elle peut de sa propre initiative se
rendre dans tout local professionnel et vérifier sur place et sur pièce les
fichiers. Si elle constate un manquement à la loi, la CNIL peut prononcer
diverses sanctions : l’avertissement, la mise en demeure, les sanctions
pécuniaires (pouvant atteindre 300 000 €), l’injonction de cesser le
traitement.
La réglementation : elle
établit des normes simplifiées, afin
que les traitements les plus courants fassent l'objet de formalités allégées.
Ainsi, la loi du 6 janvier 1978 (modifiée le 6 août 2004) et la création
de la CNIL assurent un certain contrôle des TIC pour limiter les risques
d’intrusions dans la vie privée des citoyens et protéger leurs libertés
individuelles. Cependant, il faut bien concevoir que comme toute
autorité administrative, elle a ses limites, et quant à son indépendance elle
ne peut pas être toujours garantie. Par exemple, récemment, quatre des cinq
parlementaires de la CNIL ont voté pour la très controversée loi Hadopi (loi
sur la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet), car ils
ont en fait suivi les consignes de vote de leurs partis, et ce alors même que
la CNIL avait pourtant émis de vives critiques à l'encontre de ce projet de loi
« Création et internet ». Il faut en effet s’attendre à ce que la neutralité de la CNIL soit
régulièrement remise en question. Elle demeure malgré tout à l’heure
actuelle une solide barrière face à l’intrusion des Nouvelles Technologies de l’Information et de la
Communication (NTIC).
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